
On entend souvent parler de l'« Internet des objets ». De quoi s'agit-il ?*
Pour l'instant, l'Internet est un réseau qui connecte essentiellement des ordinateurs, mais aussi par exemple des téléphones portables, et bientôt largement des automobiles… L’ordinateur ne sera bientôt plus le point d'arrivée exclusif du réseau. L’Internet des objets, sera celui des objets mobiles connectés en permanence, nous commençons à y avoir accès puisque l’on commence à voir arriver sur le marché des téléphones mobiles de troisième génération, ainsi que des outils de navigation qui sont connectés en permanence…
Mais, l’Internet des objets aura aussi une autre dimension : puisqu’il concernera tous les objets du quotidien – des produits alimentaires aux produits manufacturés – qui sont actuellement tous porteurs de codes-barres. Ces codes-barres seront progressivement remplacés par des puces sans contact, c'est-à-dire lisibles à distance, aussi appelées puces RFID. Celles-ci pourront permettre à tous les objets d'usage courant d'être, en quelque sorte, intégrés à l’Internet.
*Comment ?*
Pour que les données qu'elles contiennent (fabricant, lieu de fabrication ou de production, lieu de vente, etc.) puissent être réactualisées, ces nouvelles « étiquettes » seront tracées, suivies, et devront être connectées à une information présente sur Internet. Globalement, cela veut dire que chaque objet aura une fiche signalétique permanente et remise à jour en permanence, qui existera sur Internet indépendamment de l'objet lui-même. Progressivement, ces puces vont permettre de suivre l'ensemble des flux de biens, de marchandises et aussi… de personnes. Car il ne faut pas oublier que certains objets – vêtements, passeport ou carte d'identité – seront sur nous en permanence. Les suivre à la trace équivaudra à suivre leur propriétaire à la trace…
*A quoi tout cela va-t-il servir ?*
Aujourd'hui il est encore difficile de prévoir quelles seront les applications phares de ces nouvelles formes de réseau. Mais on peut par exemple penser à ce qui pourrait se passer avec la connexion des outils électroménagers : un réfrigérateur pourrait alors détecter – grâce à leurs puces RFID – la quantité restante de tel ou tel produit, et ainsi, passer des commandes en ligne automatiquement. De très nombreux scénarios sont envisageables. La dissémination de puces RFID intelligentes, capables de mesurer la température, permettrait par exemple, de connaître en temps réel la température, non seulement dans une ville comme c'est le cas aujourd'hui, mais dans chaque lieu, dans chaque immeuble de cette ville ! Avec la possibilité, d’afficher une carte de la température rue par rue….mais ces puces pourraient aussi donner l’alerte automatiquement, , lorsqu’un incendie se déclare.
*Y a-t-il des dangers au développement de cet Internet « omniprésent » ?*
Le premier danger est évidemment celui d’une intrusion massive dans la vie privée. Par exemple, les industriels du tourisme, aux États-Unis, ont été parmi les premiers à réagir lorsqu'il a été question d'équiper les passeports de ces puces lisibles à distance. Pourquoi ? Parce que selon les modèles, celles-ci peuvent être lisibles de quelques centimètres (comme Navigo, le nouveau passe de la RATP), à… une trentaine de mètres. Or dans certains pays, le fait de parvenir à lire à distance la puce d'un passeport et à déterminer ainsi la nationalité de son porteur, peut représenter une menace pour la vie de celui-ci…
La capacité à discriminer une personne à distance, en fonction des objets qu'elle porte (par exemple un livre ou un journal), peut être à terme très inquiétante. C'est pourquoi il est nécessaire que ce nouvel « Internet des objets », soit sous le contrôle des citoyens. Nous devons faire en sorte de contrôler la manière dont ces puces seront utilisées, voire la manière dont elles pourront être désactivées. Pour qu’a l’avenir on puisse aussi avoir droit au « silence des puces »…
Internet des Objets
lundi 15 mai 2006